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mercredi 31 mars 2010

Le ragoût de chien

Parmi les choses qui nous choquent au Vietnam: la consommation de viande de chien, surtout dans le nord du pays. J'ai raconté sur www.protegez-vous.ca l'histoire de ma bouchée de chien... C'est d'ailleurs le dernier de la série de textes que nous avons écrits pour le site.
Si vous les avez manqués, ils sont ici.



Ce sont des queues de chien dans la main de la cuisinière, et les autres parties du corps sur la table.

mardi 30 mars 2010

Vietnam, je t'aime moi non plus


Bon, ça fait déjà sept semaines (!) que nous sommes au Vietnam, mais le blogue était toujours en Birmanie... C'est ça le voyage: il se passe tellement de choses que je n'arrive pas à être à jour!

Nous pensions rester au Vietnam environ cinq semaines. Mais nous y sommes toujours (pour au moins une semaine encore). Nous ne sommes pourtant pas tombés en amour avec l'endroit. Notre relation avec le pays d'Ho Chi Minh est plus complexe que ça: il nous fascine, nous choque, nous sort de notre zone de confort plus que tous les autres endroits que nous avons visités.

Les Vietnamiens nous laissent perplexes. Nous avons rencontré des gens très sympathiques, et qui font preuve d'une gentillesse extrême envers nos filles. Mais le manque de civisme est généralisé, les vendeurs dans les endroits touristiques sont des rapaces qui nous harcèlent, les chauffeurs de taxi nous escroquent une fois sur quatre, les employeurs traitent leurs employés comme de la m..., les plus beaux endroits sont défigurés par les ordures, prendre la route équivaut à jouer à la roulette russe, les klaxons nous défoncent les tympans et traverser la rue est un sport extrême. Nos conversations avec des Vietnamiens nous ont permis de comprendre que, pour eux, deux choses sont d'une extrême importance: la famille et la réputation. Les parents décident de la vie de leurs enfants, et les enfants n'ont d'autre choix que d'obéir, au nom du respect qu'ils leur doivent. Les gens font tout pour leur famille, ils déposent des offrandes sur les petits autels dédiés aux ancêtres dans leurs maisons, mais ne viendront pas en aide à un étranger dans le besoin.

Nous avons vécu des moments magiques ici, mais ils sont quelque peu altérés par les mauvaises expériences - à commencer par le vol du portefeuille de Marco à Hanoi par un pickpocket. À tous les jours, plusieurs fois par jour, nous nous retrouvons dans des situations où nous nous disons « ce pays n'a aucun sens ». Nous tentons de l'apprivoiser, de l'apprécier, mais le Vietnam se rebiffe devant nos efforts. Quand nous pensons nous y sentir « un peu » à l'aise, il nous balance une baffe en plein visage et nous déstabilise à nouveau.

Ce soir, à Saigon (Ho-Chi-Minh-Ville), nous avons soupé avec un ami québécois et sa fiancée vietnamienne, près du marché Ben Thanh. Puis, nous avons marché dans le parc du 23 septembre en direction de notre hôtel. Il était 20h. Les Saigonnais, qui fuient la chaleur le jour (40 degrés Celsius), envahissent les parcs au coucher du soleil pour faire de l'exercice, faire des rencontres, sortir les enfants. Ils étaient des centaines, sous les grands arbres magnifiques, à faire du work-out, de la marche rapide, à jouer au badminton ou au da cau (genre de badminton qui se joue avec un genre de volant frappé avec les pieds ), à courir après les enfants qui apprennent à faire du vélo. Nous avons été attirés vers un kiosque par la musique: une vingtaine de danseurs exécutaient une chorégraphie au son d'un vieux succès disco. Ensuite, ils sont passés au cha-cha puis à la salsa. Ils avaient l'air de s'amuser, n'importe qui pouvait se joindre à eux – ce qu'ont fait Marianne et Émilie. Des jeunes hommes au look branché maîtrisaient les pas à la perfection. Un peu plus loin, c'est au son de la valse que des couples tournoyaient. Nous sommes rentrés à l'hôtel beaucoup plus tard que prévu, retenus par l'énergie et la bonne humeur qui se dégageaient de ce parc, oasis au coeur d'une folle métropole de 7 millions d'habitants. Je crois que ce sont des moments comme ceux-là qui font que nous sommes toujours au Vietnam...



mercredi 24 mars 2010

Marcher au milieu de nulle part



Pas toujours facile de faire marcher des enfants en montagne pendant plusieurs heures. Suffit qu'ils se mettent à trouver ça plate, et ils refuseront de poser un pied devant l'autre. Le secret, c'est donc de s'assurer qu'ils ne trouvent jamais ça plate.

Lors de notre passage au Népal, nous avons imposé à nos filles un trajet assez ambitieux: cinq jours dans le massif de l'Annapurna, jusqu'à une altitude de 3000 mètres. Elles s'en sont très bien tirées, même si l'agence qui a organisé la randonnée avait des doutes sur leur capacité à compléter le circuit. Il faut dire qu'on avait embauché un porteur qui avait aménagé dans son doko – le panier qu'il porte sur le dos pour transporter des marchandises – un siège où les filles pouvaient s'asseoir lorsque leurs petites jambes ne pouvaient plus suivre.

Elles ont tout de même marché de longues heures, grâce entre autres à un petit jeu inventé par Marianne: la voiture intelligente. Je me plaçais devant elle et elle me dirigeait à l'aide d'un bâton – mais la voiture intelligente pouvait parfois choisir un meilleur chemin...


Arrivée dans un village des collines birmanes


On a aussi fait une randonnée en Birmanie, pour avoir la chance d'explorer les villages dans les collines entourant le lac Inle, là où il n'y a pas de routes. On s'est contenté d'une excursion de deux jours. Contrairement au Népal, où les montagnes sont prisées des randonneurs depuis des dizaines d'années, la Birmanie n'a pas encore l'habitude d'accueillir les marcheurs dans ses montagnes. Il n'y a donc pas de porteurs qui peuvent transporter des enfants sur leurs dos, pas de petits restos en bordure des sentiers, pas de «guesthouse» où loger le soir, pas de vendeurs de souvenirs dans les villages. C'est ce qui faisait le charme de cette balade, d'ailleurs: aller dans des villages qui reçoivent rarement des visiteurs. Pour les repas, nos guides demandaient à quelqu'un de nous prêter sa maison de bambou et cuisinaient sur le feu de bois, à l'intérieur (sans cheminée!). Nous avons dormi dans une petite hutte de bambou sur le terrain d'un monastère. Et chaque fois que nous traversions un village, il y avait un attroupement sur le bord du sentier pour nous regarder passer.



Nos guides préparent notre repas...


...sous l'oeil curieux d'enfants croisés en route.

Le défi: sortir des bécosses sans qu'elles ne s'effondrent.



Repas du soir dans une maison du village...


...où nous sommes l'attraction de la soirée!



Notre hutte de bambou





Mais sans porteurs, ça signifiait que Émilie et Marianne devaient marcher deux jours, avec quelques incursions sur les épaules de leur papa, tout de même. On a donc ressorti le jeu de la voiture intelligente. Puis, les filles se sont fabriqué un support avec une branche, dont elles se servaient pour transporter toutes sortes de choses trouvées le long du sentier: fougères, lanières de bambou, fleurs, etc. Ça les a fait avancer un bon moment. Outre les rencontres avec des enfants dans les villages, il y avait aussi pour les distraire des buffles, des cochons, des poules et des papillons. 



Mais Émilie a tout de même dû finir la randonnée dans les bras de son père: elle était fiévreuse, et la deuxième journée était beaucoup trop longue pour des enfants (7 heures de marche, alors que notre guide nous avait dit que ça ne prendrait que 4 heures).  





Petite pause le long du sentier




Tout de même contents de notre balade.










lundi 22 mars 2010

Vivre sur pilotis


LAC INLE, Birmanie – Pour arriver au lac, on doit emprunter un canal, dans un bateau à moteur long et étroit. On débouche ensuite sur l'étendue d'eau de 158 km carré, entourée de jolies collines. Les rives du lac ne sont pas vraiment de la terre ferme, plutôt des marécages. C'est pourquoi les pêcheurs ont construit des villages sur pilotis, pour des raisons pratiques. Nous nous sommes promenés dans ces «rues», où les gens pêchent parfois de leur balcon et prennent leur «douche» sur un petit quai, à la vue de tous les passants – en short pour les hommes, drapée dans une pièce de coton pour les femmes. Des légumes poussent dans des jardins flottants, aménagés sur des tapis flottants de végétation. Pour éviter que les jardins ne flottent à la dérive, ils sont arrimés au fond du lac par de longues tiges de bambou.



L'heure de la lessive

L'heure de la douche

Femme qui circule avec son enfant devant les jardins flottants


Le progrès sur pilotis




Pêcheur équilibriste, qui maîtrise la technique de pagayer avec une jambe

C'est très joli, des villages sur pilotis. Mais je me suis mise à imaginer ce que peut être la vie quand on y habite. Sous chaque maison de bambou, les pirogues sont stationnées. Il faut prendre le bateau pour une simple visite à un voisin ou pour un achat à l'épicerie du village. Les enfants apprennent très jeunes à ramer pour se rendre à l'école, elle aussi sur pilotis. Mais ces enfants, où peuvent-ils courir, sauter, bouger? Il n'y a pas de terrain autour de la maison, pas de parc dans le village, pas de cour de récré autour de l'école. Les endroits les plus vastes sont les monastères, souvent aussi sur pilotis. J'espère qu'on y laisse courir les enfants.


Ces petites filles jouent dans leur «sous-sol»




Entretenir ces villages n'est pas de tout repos. Le lac est très peu profond – neuf mètres au milieu. Là où sont installés les villages, la profondeur n'est que d'un ou deux mètres. Souvent, les rives boueuses s'écroulent dans l'eau, et les villageois doivent creuser à la pelle pour que les canaux demeurent navigables. Ils doivent aussi refaire les pilotis de leurs maisons, qui s'enfoncent dans la vase. En plus de refaire le toit de paille presque chaque année. Ben de l'ouvrage.




Beaucoup de circulation pour se rendre au marché

Nous avons visité un marché près du lac, où les habitants des collines voisines viennent acheter du poisson, du tissu, des vêtements. Des gens de différents groupes ethniques, dont les pa-o. J'adore le look des femmes pa-o: elles portent un costume noir, petite veste croisée lisérée de bleu, pantalon ample à mi-mollet, avec des bottines de toile kaki. Sur la tête, un turban coloré (parfois, elles se servent d'une serviette). Ce sont des montagnardes au regard fier et perçant, qui ont l'air fortes et indépendantes. Elles fument le cigare avec l'air d'être au-dessus de la mêlée. On ne peut les manquer quand elles passent, alors que les hommes se font invisibles.



Mais en fait, dans ce marché, nous étions ceux qui attiraient l'attention, avec nos petites chouettes à la peau claire. Nous avions une foule d'observateurs en achetant des petits sacs tissés et des longyis.

Quelques achats au marché: chapeaux pointus et longyis