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dimanche 25 juillet 2010

Apprendre à lire en visitant l’Asie


 Même si Marianne savait déjà lire lorsqu’on a quitté Montréal, il fallait qu’elle s’améliore en lisant le plus possible. En plus du matériel scolaire, des crayons à colorier et de quelques petits jouets, nous avions apporté des livres minces et des revues Pomme d’Api (Oh que c’était lourd, tout ça!). Mais Marianne est vite passée à travers, et ce n’était pas très stimulant de relire les mêmes histoires encore et encore. Dans les premiers pays que nous avons visités (Thaïlande, Népal, Birmanie), il était inutile de chercher des livres pour enfants en français. Mais au Vietnam, à cause de l’histoire coloniale, nous avons trouvé des librairies vendant des livres en français (à Hanoi, sur la rue Trang Tien, près du Centre culturel français, et à Saigon, librairie Fahasa, sur la rue Dong Khoi). Surtout à Saigon, la section française pour enfants était impressionnante. Nous avons fait le plein (même si c’était un peu cher pour notre budget). Puis, à la fin du voyage, à Kunming, en Chine, nous avons trouvé une super librairie (Mandarin Books, dans le quartier de l’université) qui vendait des livres de contes traditionnels chinois traduits en français, avec de superbes illustrations, pour environ 2$ chacun. Nous avons fait des provisions et en avons ramené en cadeau.

Nous avions tenté de visiter la bibliothèque du Centre culturel français à Hanoi, mais c’était fermé en raison de la fête du Têt. Une amie française que nous avons visitée à Phnom Penh nous a suggéré de visiter le Centre culturel français de cette ville. Il y avait une superbe bibliothèque, avec une vaste section pour enfants. On a même pu y voir un film pour enfants en français, un samedi matin. Au Laos, nous avons aussi visité deux Centres culturels français, à Vientiane (où il y avait aussi un café sympa) et à Luang Prabang (tout petit…). Les filles s’en donnaient à cœur joie dans les nouveaux livres. Vive la France (et leur passé colonialiste)!

Nous avons aussi rencontré à Kunming une famille française avec deux enfants, propriétaires d’un café. Nous avons sympathisé, et ils nous on prêté plusieurs livres et des revues J’aime lire que nous avons emportés pendant notre circuit d’un mois dans la province du Yunnan. Ces nouveautés ont été très appréciées par les filles.

Mais ça explique en partie pourquoi il est difficile de voyager léger avec des enfants, même lorsqu'ils n'ont plus besoin de poussette ou de couches...


Bonnes lectures au Centre culturel français de Phnom Penh


L’école itinérante



Marianne était en première année lorsque nous avons quitté Montréal pour entreprendre notre périple en Asie, en octobre 2009. Le programme scolaire et les cahiers d’exercice alourdissaient nos sacs à dos, mais étaient indispensables pour que notre fille poursuive son apprentissage scolaire, avec nous, ses parents, comme profs.

Nous avons de la chance : notre grande fille avait déjà appris à lire en maternelle et était un peu en avance sur son groupe en lecture, nous a dit son enseignant au moment du départ (ceci dit avec une grosse pointe de fierté maternelle). Mais il fallait tout de même bosser les maths, étoffer son vocabulaire et ne pas perdre l’habitude de faire les travaux scolaires régulièrement.

Jouer aux profs sur la route n’est pas de tout repos. Nous n’avons pas la même relation d’autorité avec notre propre enfant que peut l’avoir un enseignant. Nous ne maîtrisons pas non plus les techniques pédagogiques. Mais surtout, en voyage, notre emploi du temps change continuellement et nous n’avons pas de routine dans laquelle insérer la période des travaux scolaires. Marianne passait donc régulièrement plusieurs jours sans ouvrir ses cahiers, lorsque nous étions en déplacement ou en randonnée. En moyenne, j’évalue qu’elle travaillait trois ou quatre heures par semaine. Il y a eu quelques périodes difficiles au cours desquelles il fallait hausser le ton pour la convaincre de se concentrer sur ses devoirs. Pourquoi rester assise à se creuser les méninges quand il y a la plage à côté, ou des amis avec qui jouer, ou des montagnes à explorer? Pendant la deuxième moitié du voyage, heureusement, Marianne a compris qu’elle n’y échapperait pas et qu’il valait mieux se concentrer pour finir les devoirs au plus vite, pour ensuite aller s’amuser.   

Pour nous aider, nous avons eu la chance d’avoir le soutien du prof de Marianne, Claude Martel, au programme international de l’école Saint-Barthélemy. Il nous a donné du matériel avant le départ et nous étions en contact avec lui tout au cours du voyage. Marianne a même parlé à ses amis de la classe à quelques reprises avec Skype. La faible puissance des connexions Internet nous a cependant empêché de «Skyper» aussi souvent que nous l’aurions voulu. Nous avons répondu à quelques questions de ses amis de la classe par courriel et avons envoyé des photos à quelques reprises.

S’il avait fallu faire la classe à nos deux filles, ça aurait compliqué les choses. Émilie, 4 ans, voulait elle aussi faire des «devoirs», en voyant sa grande sœur occupée à des choses sérieuses. Comme «devoirs», elle a appris à tracer les lettres et les chiffres et a fait des petits jeux dans ses cahiers d’activités.

Marianne est retournée à l’école pour les six derniers jours de classe, en juin. Son prof a pu vérifier qu’elle n’avait pas pris de retard sur les autres élèves. En fait, il semble qu’elle ait plutôt pris de l’avance : sans le savoir, nous lui avons fait faire des exercices de 2e année! Il y aura peut-être tout de même quelques petits ajustements à faire l’an prochain, pour des sujets sur lesquels nous serons passés un peu trop rapidement.

Mais même si elle avait pris un peu de retard, je suis convaincue que le voyage a été pour Marianne – et pour Émilie! – une expérience infiniment plus riche qu’une année en classe (ceci dit même si je crois en l’importance de l’école…). Ce qu’elles ont appris va leur servir toute leur vie. Elles ont découvert d’autres façons de vivre, d’autres façons de penser, d’autres façons de manger, d’autres façons de se déplacer. Elles ont appris sur la géographie, l’histoire, la politique, l’art, les religions. Elles ont rencontré des gens de toutes les couleurs. Et surtout, j’espère qu’elles ont réalisé à quel point elles étaient privilégiées par rapport à tous ces gens pauvres et peu éduqués que l’on a croisés. 

Pas drôle quand les devoirs nous suivent en voyage...

En Birmanie (Lac Inle)

Au Népal (Pokhara)

Au Vietnam (Paradise Resort)

En Thaïlande (Ko Chang - encore plus difficile quand la plage est à deux pas...)

Au Laos (Luang Prabang - devoirs avec vue sur le Mekong)