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vendredi 28 mai 2010

Les déboires de la nomade au petit budget

Ça fait plus de sept mois qu'on voyage. C'est super, on a de la chance, je le sais. Oui, j'apprécie beaucoup. Mais je l'avoue: y a des moments, des jours complets même, où je paierais cher pour revenir chez moi, dans mes affaires, où tout est simple et prévisible. Si vous pensez que c'est toujours facile, détrompez-vous! À toutes les semaines environ, on débarque dans une nouvelle ville qu'on ne connaît pas, on doit trouver où dormir, où manger. Quand on change de pays, c'est: nouvelle monnaie, nouveaux prix, nouvelle langue, nouvelle bouffe... Notre budget ne nous permet pas de dormir dans des palaces. Les hôtels 5 étoiles, on ne connaît pas ça; on descend plutôt dans des 0 étoile ou moins... Ce qui fait que nous sommes souvent confrontés à des désagréments. Et ça donne lieu à quelques jurons, quand, par exemple:

-Les vêtements reviennent du lavage et il manque ENCORE des petites culottes;

-Les vêtements reviennent du lavage, toutes les petites culottes sont là, mais... les taches aussi;

-Je lave des vêtements dans la chambre d'hôtel, mais ils ne sèchent pas parce que c'est trop humide (au Népal);

-Je tourne l'interrupteur et... rien, ENCORE une panne d'électricité;

-Je tourne le robinet d'eau chaude et c'est de l'eau froide qui coule;

-Je tourne le robinet, et l'eau me coule sur les pieds (et je ne suis pas dans la douche, mais devant le lavabo!);

-Je me casse ENCORE un ongle en paquetant les sacs à dos;

-Je dois faire le tour du quartier ( le vieux Hanoi ) pendant deux heures pour trouver trois choses – des tampons, des ciseaux pour enfants et de la crème solaire – parce que je ne connais pas les magasins (dire que ça m'aurait pris une minute et demi chez Jean Coutu...);

-Je me fais vendre de la crème solaire douteuse pour un prix astronomique dans un obscur magasin, pour me rendre compte plus tard que le tube est à moitié vide;

-Je dois magasiner des ciseaux pour enfants parce que Marianne a laissé les siens dans son sac à dos lorsque nous avons pris l'avion en Birmanie et qu'ils ont été confisqués par la sécurité – des ciseaux à bouts ronds!;

-On trouve le moyen de perdre l'une de nos peu nombreuses possessions dans une chambre grande comme un mouchoir de poche;

-On doit s'installer dans une chambre grande comme un mouchoir de poche parce qu'on n'a rien trouvé de plus grand à un prix abordable, et là on sacre parce qu'on se pile sur les pieds;

-On est OBLIGÉS de manger au restaurant même si on n'a pas le goût de sortir;

-Il y a une panne d'électricité, il fait 40 degrés, on suffoque dans la chambre sans clim mais on ne peut pas ouvrir les fenêtres parce que les lits n'ont pas de moustiquaire (au Cambodge);

-Je cherche le silence et ne le trouve nulle part;

-J'ai le goût de manger une poutine;

-J'ai mes lunettes soleil sur le nez et un vendeur de lunettes me harcèle pour que j'achète des lunettes;

-Une vendeuse d'eau me harcèle pour que j'achète une bouteille d'eau, je lui répond que je n'en ai pas besoin et elle me répond «Why not?» en continuant de me suivre pendant 100 mètres;

-Je suis incapable de prononcer le nom de la rue où j'habite, parce qu'il comporte trop de consonnes et pas assez de voyelles;

-Au restaurant de notre hôtel, personne ne parle anglais, il n'y a pas de menu en anglais, et même en regardant les photos, on de comprend pas ce qui est offert (en Chine);

-Je suis malade et je ne comprend rien au médicament avec un tigre sur la boîte que la pharmacienne me vend (en Chine) (Est-ce cela qui m'a rendue encore PLUS malade? Je ne le saurai jamais...);

-Je dois utiliser des toilettes publiques immondes, qui n'ont visiblement pas été nettoyées depuis des semaines (en Chine);

-Les voisins de la chambre à côté font le party, le lit est trop dur, et j'attrape un torticolis parce que l'oreiller est trop gros (Ah! Que j'ai hâte de retrouver mon lit!).

Je sais, il y a des problèmes pires que les miens, surtout dans les pays que l'on visite. Je suis d'ailleurs régulièrement secouée quand je vois des enfants travailler ou mendier. Et je ne devrais pas me formaliser de problèmes de plomberie quand je voyage dans des pays où la moitié de la population n'a pas l'eau courante, ni de toilettes, parfois même pas l'électricité. Je me plains le ventre plein. (Mais l'Asie a vraiment un besoin criant de plombier, ou bien seulement de quelqu'un qui pourrait leur donner le truc du tuyau en «U» sous le lavabo, qui empêche les mauvaises odeurs de remonter...)

En plus, je devrais me compter chanceuse: nous n'avons presque pas vu de bibittes dans nos chambres, en huit mois de voyage. Seulement trois fois des coquerelles (au Vietnam et au Laos). La rencontre la plus désagréable fut celle avec un scorpion, dans la salle de bain de notre bungalow de bambou, au bord de la mer en Thaïlande. Il était trois heures du matin, il n'y avait pas d'électricité, j'étais nus-pieds et je n'avais pas mes lunettes. Mon chum s'est levé en catastrophe en entendant mes cris pour venir lui régler son cas...

Mais bon, j'ai bien le droit de chiâler un peu sur ma condition de nomade au budget restreint... Ça me fait du bien et me permet de laisser sortir la vapeur!

Pas toujours de tout repos la vie sur la route...

Heureusement, on se paie parfois des petits luxes, comme cet après-midi à la piscine d'un hôtel 5 étoiles, au Vietnam, sur les rives du Mékong.


mercredi 26 mai 2010

Dix jours au paradis


Ai-je dit que nous sommes restés deux mois au Vietnam? Rectificatif: nous sommes restés deux mois, moins dix jours. Parce que pendant dix jours, nous nous sommes retrouvés hors de l'espace et du temps, dans un endroit qui s'appelle Paradise Resort. Nous étions bien au Vietnam, au bord de la mer, à 30 km au nord de la grosse station balnéaire clinquante de Nah Trang. Mais nous étions dans un monde à part. Un petit jardin fleuri avec des bungalows, une plage déserte, un petit village de pêcheurs à 500 mètres, des bateaux colorés bercés par les vagues, la brise marine qui remplace la clim... Selon les jours, nous étions entre 6 et 20 personnes à loger dans ce petit paradis.





Les pêcheurs se servent des petites embarcations rondes en bambou tressé pour atteindre leurs bateaux amarrés plus loin.

Il fallait cependant «subir» la présence de Vladimir, le propriétaire. Personnage haut en couleur, s'il en est un: 82 ans, d'origine croate, ayant vécu en Suisse, aux États-Unis et je ne sais où encore, père de quatre garçons âgés entre 8 et 60 ans... Sympa, à part pour sa propension à engueuler son personnel et à vouloir se mêler des affaires de ses pensionnaires («Mangez votre salade, c'est bon pour la santé!», «Vous voulez un chocolat chaud? Mais ce n'est pas le temps de prendre un chocolat chaud!»).

Nous avons mangé comme des rois au Paradise Resort: des fruits de mer, des poissons, des légumes de la région, presque pas de riz, pour faire changement. Et ça nous coûtait, pour le logement et les repas, 40$ par jour pour toute la famille! Avec le soleil, la mer chaude, le hamac, vous comprenez qu'on soit restés dix jours, et qu'on soit partis à regrets...
  Même au paradis, il faut faire les travaux scolaires...
Mais heureusement, on peut aller se baigner après.



jeudi 20 mai 2010

La route vietnamienne

Au Vietnam, nous nous sommes payés à quelques reprises l'avion, le train et des voitures privées, au lieu de prendre le bus. Du luxe? Non, une nécessité pour augmenter nos chances de survie et réduire notre niveau de stress. Je vous en ai déjà parlé: la circulation au Vietnam est folle, et les chauffeurs de bus sont les plus fous d'entre tous. Les quelques trajets que nous avons fait en autobus nous ont donné des palpitations.

Voyez-vous, les chauffeurs de bus et de camions semblent jouer continuellement à un petit jeu: ils roulent sur la ligne médiane et, lorsqu'un véhicule arrive en sens inverse, ils donnent un coup de volant au dernier moment. Ah, ah! Très amusant! Celui qui se tasse le dernier gagne. Et ça, c'est en plus des dépassements qui se font n'importe comment et n'importe où: je me souviens encore de la fois où nous avons vu arriver droit devant nous un autobus en train de dépasser un camion, dans notre voie. Et notre propre bus ne pouvait pas se ranger à droite, parce qu'il y avait une file de motos qui roulaient sur l'accotement. C'est encore un miracle qui a fait qu'un accident a été évité de justesse. D'ailleurs, ce sont les miracles qui tiennent lieu de code de la route dans ce pays. Les véhicules ont un petit support installé spécialement sur le pare-choc avant pour recevoir des bâtons d'encens, allumés pour obtenir la protection de bouddha ou des ancêtres...

Mais les miracles ne se produisent pas toujours: nous avons été témoins de cinq accident de moto en deux mois. Pas surprenant: il y a trop de motos pour la quantité de routes, les arrêts n'existent pas, les gens roulent souvent sans casque, à trois, quatre, parfois cinq par engin, ils n'ont pas de phares la nuit, pas de rétroviseurs et d'étranges pratiques. Quelques exemples: lorsqu'un motocycliste s'engage sur une artère vers la droite, il ne jette même pas un coup d'oeil à sa gauche pour voir si un véhicule arrive; c'est le véhicule qui roule déjà sur l'artère qui doit céder le passage. Si la moto s'engage sur l'artère vers la gauche et que des véhicules arrivent de la gauche, ce n'est pas non plus une raison d'arrêter: la moto roule EN SENS INVERSE pendant quelques mètres, le temps de trouver sa fenêtre d'opportunité pour aller prendre sa voie... Alors si on est à vélo, on se retrouve parfois face-à-face avec une moto qui roule dans le mauvais sens, et c'est à nous de nous tasser!



On a quand même osé louer des motos (sccoters) à quelques reprises, mais pas dans les grosses villes. La première fois, à Tam Coc, quand j'ai pris une moto, seule avec Marianne et Émilie, pour aller au guichet automatique dans la ville voisine, j'avais une main sur le frein et une main sur le klaxon! Ça ne donne pas tellement le temps d'admirer le paysage...

Lorsque nous avons vu un grave accident arriver devant nos yeux, nous avons compris ce qui nous attendait en cas de collision. Nous étions les seuls touristes à la petite plage de My Khe, nous mangions sur une terrasse un soir, lorsque, BANG!, face-à-face entre deux motos, transportant trois personnes, sans casques évidemment. L'un des conducteurs a sans doute coupé son coin en tournant à gauche, et n'a pas vu l'autre moto, qui n'avait probablement pas de phares. En peu de temps, il y eut un attroupement autour des blessés qui gémissaient. Et là, PERSONNE N'EST INTERVENU POUR SECOURIR LES BLESSÉS! Tous les badauds massés autour se contentaient de regarder et de commenter. Chinh, une Vietnamienne mariée à un Français, qui était avec nous à ce moment, nous a expliqué que, oui, c'est comme ça que ça se passe: les gens vont avertir la famille, et c'est à la famille de s'occuper de ses blessés. Les témoins ne font rien, ils ont peur qu'on les accuse d'avoir aggravé les blessures... Ils craignent aussi qu'on vole leur moto pendant qu'ils sont occupés à aider les victimes.

Justement, nous avons vu les familles des blessés arriver en courant et, sans ménagement, prendre les victimes (qui avaient l'air très très amochées, l'une d'elles inconsciente) et les asseoir SUR UNE MOTO, coincées entre le conducteur et un autre passager, pour se rendre à l'hôpital dans la ville voisine, à environ 20 kilomètres. Et au resto juste à côté, il y avait plusieurs clients avec de gros véhicules 4X4: aucun d'entre eux ne s'est offert pour aller conduire les blessés à l'hôpital... Vraiment, il y a des choses dans la culture vietnamienne qui me hérissent.

Mes parents, qui organisent des ateliers de sécurité à vélo pour les enfants de l'école primaire avec leur Club optimiste (à Saint-Pacôme), capoteraient de voir les jeunes ici: au moment de la sortie des classes, sur la route 1 (la plus importante du Vietnam, qui traverse le pays du nord au sud), les élèves roulent à trois ou quatre de large, parfois à deux par vélo, et se font frôler par les bus (fous), les poids-lourds et les centaines de motos. Les jeunes collégiennes pédalent, nonchalantes, vêtues de leur ao dai blanc (l'uniforme scolaire) et coiffées de leurs jolis chapeaux, en jasant comme toutes les ados, comme si de rien n'était...














lundi 17 mai 2010

Ah! Le ménage de la salle de bain...

Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé: en sueur, à quatre patte dans la salle de bain, avec un chiffon et un produit nettoyant, en train de frotter... On ne fréquente pas les hôtels de luxe, mais là, vraiment, cet endroit était pire que pire, et je n'ai pu me retenir lorsque j'ai vu la saleté partout, la guenille (en fait, c'était le tapis de bain) et le contenant de détergent (laissé dans la chambre, mais qui n'avait visiblement pas été utilisé).

Normalement, nous n'aurions jamais posé nos sacs à dos dans une telle chambre. On a beau avoir un budget restreint, on ne fait pas de concessions sur la propreté, habituellement. Mais pour loger dans le village de My Khe Beach, nous avions deux options: une chambre sale, laide et déprimante à 30$, ou une chambre sale, laide et déprimante à 8$. La chambre à 30$ était peut-être un peu moins sale, mais le personnel était extrêmement antipathique; et à ce prix, c'était du vol. On s'est donc retrouvés dans la chambre à 8$, et moi à quatre pattes dans la salle de bain en train de récurer la tuile, le lavabo, la toilette (YAAARK!). Mais le pire, c'était les lits qui empestaient l'humidité. OUAACH! Enfin, il n'y a que Marco et moi qui étions incommodés; les filles, elles, jouaient au camping dans leur lit entouré d'une moustiquaire. Et il faut dire que nous n'avons rencontré aucune bibitte sur les lieux – un bon point.

Nous étions dans ce village pour visiter le memorial de My Lai, mais aussi pour profiter de la magnifique plage de sable blanc. Elle était magnifique, en effet, et juste en face de notre chambre. Mais quel gaspillage: elle était jonchée de détritus! Il fallait marcher dans les déchets pour rejoindre l'eau. Pour trouver ça beau, il fallait dépasser la ligne des marées – la ligne d'ordures - et ne pas regarder en arrière. Cette plage ne sera pas nettoyée tant qu'il n'y aura pas de touristes étrangers, mais il n'y aura pas de touristes étrangers tant que la plage ne sera pas nettoyée... Dommage. Ils ont même construit un trottoir en pavé tout le long de la plage, avec des lampadaires style parisien en fer forgé (déjà rongés par la rouille), mais l'endroit est défiguré par les déchets. Ce pays aurait besoin d'une Opération ONET - vous vous souvenez du nettoyage des berges du fleuve Saint-Laurent par les élèves québécois, en 1985? En fait, toute l'Asie aurait besoin d'une opération «Continent-net». Ça me fait rire quand je vois des projets environnementaux qui travaillent sur les dangers des changements climatiques. Il faudrait d'abord commencer par des poubelles, le ramassage des vidanges, le compostage, et un peu d'éducation de base.


La chambre qui m'a «permis» de renouer avec le ménage de la salle de bain (ça me manquait tellement!...)



La magnifique plage déserte de My Khe (je vous épargne les amoncellements de déchets)


mardi 11 mai 2010

La guerre expliquée aux enfants


Marianne, Émilie et moi dans un abri anti-bombes


Un cimetière de guerre, comme on en voit des centaines au Vietnam le long de routes
 
Au Vietnam, les traces de la guerre sont partout. Les gens semblent avoir oublié, mais le gouvernement communiste se fait un devoir de rappeler à quel point les méchants impérialistes américains ont fait souffrir le pays. Et c'est vrai qu'il a souffert, ce pays. Nulle part n'est-ce plus évident qu'à My Lai (ou Son My). Là, un memorial et un musée rappellent que les troupes américaines ont massacré 500 civils en une journée. On a recréé les ruines des maisons incendiées par les soldats, ainsi que les abris anti-bombes où les habitants tentaient de se cacher. Sur des plaques de cuivre sont indiqués le nom et l'âge des victimes tuées à cet endroit. La plupart sont des enfants et des personnes âgées.

Marianne devant une affiche indiquant le nom et l'âge des personnes tuées à cet endroit

Mais le plus frappant, ce sont les photos. Ce jour-là, un photographe de l'armée suivait les soldats et a tout capté sur pellicule. C'est horrible et fascinant. On voit les soldats mettre le feu aux maisons, on voit des paysans avec un fusil sur la tempe, jnuste avat que le soldat n'appuie sur la gâchette, on voit les cadavres des femmes et des enfants mutilés et, pire que tout, on voit les soldats se reposer à la fin de la journée en fumant une cigarette... (Voir le blogue de Marco à ce sujet: http://www.ruefrontenac.com/marcofortier/21108-my-lai-horreur).



La guerre, c'est toujours horrible et toujours difficile à expliquer à des enfants; imaginez quand, en plus, ont leur dit que des bébés sans défense ont été tués... Je suis plutôt partisane de dire la vérité à mes filles, de ne pas enjoliver la réalité, d'expliquer les choses comme elles sont (même si on croit encore au Père Noël et à la Fée des dents...). Mais là, on n'est pas entrés dans les détails, et on les a empêchées de voir les photos les plus crues (que je ne publie pas ici non plus). À l'aide de la maquette de la région, on leur a expliqué ce qui s'était passé. Et elles ont posé beaucoup de questions. Nous-mêmes ne pouvions arrêter de nous demander: Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?


Marianne et Émilie devant la liste des noms des 500 victimes des soldats américains à My Lai

Les filles devant un hélicoptère de l'armée, au musée de la guerre de Saigon

Même chose à Phnom Penh, où nous avons visité les Killing Fields ainsi que la prison de Tuol Sleng, où les Khmers rouges interrogeaient et torturaient leurs supposés opposants. Ce régime était d'une cruauté sans nom. Leur idéologie, c'était de la folie pure. Ils ont tué 2 millions de leurs concitoyens en quatre années de pouvoir. Comment expliquer aux filles que cet arbre, c'est celui sur lequel les Khmers rouges frappaient les enfants, en les tenant par les pieds, pour les tuer? Elles ont vu les amoncellements de cranes dans le memorial, et on leur a expliqué que c'était ceux des victimes d'une guerre menée par un gouvernement contre ses propres gens. Elles ont remarqué, dans la pile de vêtements des victimes, la petite blouse de fillette avec des papillons, et la trouvaient très jolie. « La petite fille qui avait cette blouse, est-ce qu'elle est morte? », ont-elles demandé...

L'arbre à tuer les petits enfants...

Les crânes des victimes des Khmers rouges, exécutés aux Killing Fields, sont exposés dans un memorial

Mais ce qui était encore plus émouvant, c'était les milliers de photos exposées dans la prison de Tuol Sleng, le centre de torture des Khmers rouges. Des photos des victimes, mortes ou vivantes, de ces fous sanguinaires. Une pièce entière montrait des photos d'enfants, parfois des bébés, tous assassinés, probablement la tête fracassée contre un arbre, puisqu'il fallait économiser les munitions... Comment expliquer cela, quand nous-mêmes on se demande: Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Une chambre de torture à la prison de Tuol Sleng

Qu'avaient fait ces enfants pour se retrouver dans le centre de torture des Khmers rouges?



Après avoir regardé quelques photos, Émilie et Marianne on préféré aller jouer dans la petite cour, en se servant des fleurs de frangipanier pour faire des chapeaux à leurs figurines Pet shop. Les filles ont posé bien des questions, et elles nous en sortent parfois encore, mais elles n'ont pas semblé traumatisées par leurs visites. Je crois qu'elles comprennent un message simple: la guerre c'est mauvais, c'est laid, et les humains sont capables de commettre les pires horreurs. C'est bon de le savoir, mais je suis certaine que ça ne les empêchera pas de voir tout ce que les humains peuvent faire de beau et de bon.

Les filles ont joué avec leurs Pet shop et avec des fleurs de frangipanier pendant que l'on visitait Tuol Sleng

Affiche à Tuol Sleng. Non, nous n'avons pas envie de rire...

jeudi 6 mai 2010

La poésie des vidanges


À Hoi An, nous nous sommes fait réveiller le premier matin par une jolie musique qui jouait dans la rue. Vérification faite, il s'agissait... du camion de vidanges! Les gens entendent la musique de loin et savent qu'ils doivent apporter leurs ordures. C'est très efficace, et poétique! Pourquoi on n'implanterait pas la même chose à Montréal?

De la ville de Hoi An, au milieu du Vietnam, près de la côte, nous retenons aussi: les jolies lanternes colorées qui décorent les rues, les bâtiments coloniaux bien préservés, la proximité d'une super belle plage, et des tailleurs partout. En fait, c'est surtout cela qui fait la particularité de la ville: il y a des centaines d'ateliers et de boutiques de tailleurs, alignés le long des rues. Ils proposent tous à peu près les mêmes modèles de costumes pour hommes, de robes du soir ou plus simples, de manteaux, de pantalons, dans des tissus chatoyants ou des cotonnades à motifs, qu'ils fabriquent sur mesure en quelques heures. On se demande comment ils arrivent tous à survivre tellement ils sont nombreux, beaucoup trop nombreux pour le nombre de touristes – qui sont quand même légion. Je me suis fait faire une robe chinoise(20$) et un manteau de laine (40$). Le sur-mesure, c'est bien, mais il a tout de même fallu quatre essayages avant que la robe ne soit au point.

Les filles, elles, se sont fait faire de jolis souliers (9$), pour lesquels elles ont choisi le modèle, le matériel et la couleur. Quel bonheur quand elles ont vu le résultat! Je n'ai vu nulle part ailleurs en Asie de fabricants de chaussures sur mesure. J'ai voulu m'en faire faire moi aussi, mais lorsque je suis allée chercher ma commande, on m'a présenté des chaussures qui n'avaient ni le bon modèle, ni le bon matériel. Et je quittais le lendemain, pas le temps de recommencer...

On observe la même chose, surtout au Vietnam, mais aussi ailleurs en Asie: les commerces qui offrent un produit sont souvent regroupés dans les mêmes rues. À Hanoi, c'est frappant: il y a la rue des miroirs, la rue des chaussures, la rue des contenants de plastiques, la rue des confiseurs, des bouchers, des soudeurs, des réparateurs de motos, des coiffeurs, etc. À Hoi An, c'est poussé à l'extrême: toute la ville vend du linge. On a l'impression que, ayant vécu sous le régime communiste trop longtemps, ils n'ont pas encore compris la loi de l'offre et de la demande. Le voisin ouvre un atelier de confection et a du succès? Je vais m'ouvrir moi aussi un atelier et j'aurai du succès, et dix autres se disent la même chose... Ça fait que les commerçants s'arrachent la clientèle et doivent baisser leurs prix pour attirer les clients. « Buy from me, buy from me! », nous lancent-ils. Il y a même une marchande qui m'a suppliée: « Please, help me, I did not sell anything today! » Ils ne comprennent pas que:




  1. Quand on se fait haranguer de la sorte, ça nous enlève l'envie d'aller acheter dans cette boutique (ou d'aller manger dans ce resto);




  2. Si on achète un objet ou un produit, c'est que ça nous plaît ou qu'on en a besoin, et que le prix est bon; on se fout de savoir de qui on achète (bon, on peut parfois privilégier un vendeur plus sympa, mais on ne va pas acheter JUSTE parce que le vendeur est sympa);




  3. On n'a pas des moyens financiers illimités, même si c'est vrai qu'on est plus riches qu'eux.
Tout ça rend l'expérience touristique un peu moins agréable au Vietnam, malheureusement.

Un heureux anniversaire

C'est aussi à Hoi An que j'ai fêté mes 40 ans... (C'était au début mars... Oui, je sais, mon blogue est en retard sur le voyage, mais je travaille là-dessus...) Semble-t-il que l'entrée dans la quarantaine provoque souvent une période de déprime et de nombreuses remises en question. Dans mon cas, la déprime et les remises en question sont arrivés avant, il y a plus d'un an, accompagnées et/ou provoquées par plusieurs calamités qui se sont succédées dans ma vie. Mais au lieu de nous laisser abattre par l'adversité, Marco et moi, nous avons concocté ce super projet de voyage. Et c'était assez grisant de fêter mes 40 ans de l'autre côté de la terre, au beau milieu de la réalisation d'un rêve de longue date. J'ai vraiment savouré ce moment, même si mes amis et ma famille me manquaient (mais j'ai été couverte de voeux par courriel!). 


                                         Ces femmes discutent dans leurs barques devant le 
                                         marché aux poissons.

À bas la censure!

Nous sommes maintenant en Chine, dans la province du Yunnan (au sud, à la frontière du Vietnam, du Laos et de la Birmanie). Je vous raconterai plus tard, je n'ai pas terminé avec le Vietnam!
Les blogues hébergés par Blogspot sont censurés en Chine. Je ne peux donc pas alimenter mon blogue directement. C'est pas l'intermédiaire de ma soeur Marielle que j'enverrai les prochains textes. Merci Marielle de m'aider à contourner la censure pour que l'on puisse continuer à partager notre aventure!
Je vous encourage à continuer d'émettre des commentaires, mais il me sera impossible d'y répondre pour les prochaines semaines.

dimanche 2 mai 2010

L'Asie en mille et une questions

Nous étions à Hanoi, au moment du dodo, dans notre chambre d'hôtel, lorsque Marianne nous en a sorti une bonne: « Depuis qu'on est en voyage, on dirait que j'ai une maladie qui fait que je pose trop de questions. » On a bien ri, et on lui a répondu, bien sûr, que ce n'était pas une maladie de poser des questions. Au contraire, c'est un signe de santé intellectuelle. Et en voyage, c'est normal de poser des questions, puisqu'on est confrontés continuellement à du nouveau.

Mais pour les parents, c'est un défi de trouver réponses à toutes ces questions. On fait de notre mieux, on fouille dans nos guides de voyages, parfois sur Internet, on se renseigne auprès des gens du pays. Voici un aperçu du genre de questions que nous posent Marianne et Émilie depuis le début du voyage:
-Pourquoi les gens parlent des langues différentes dans différents pays?
-Pourquoi ce n'est pas le même argent d'un pays à l'autre?
-Pourquoi on n'est pas à la même heure que Montréal?
-À quoi ça sert, les temples? Pourquoi les gens font brûler de l'encens et donnent des cadeaux à une statue de bouddha?
-Pourquoi les femmes travaillent plus que les hommes en Asie?
(J'ai été tentée de dire que c'est pareil partout dans le monde, mais je me suis retenue... C'est vrai qu'en Asie, et en Birmanie en particulier, où cette question a été posée, c'est très flagrant.)
-Pourquoi les gens jettent leurs déchets par terre?
-Pourquoi il y a des gens pauvres et des gens riches?
-Comment on fait pour gagner de l'argent quand on travaille?
-Pourquoi il y a des enfants qui travaillent et qui ne vont pas à l'école?
-Pourquoi il y a la guerre ? Qui décide de faire la guerre? Est-ce qu'il y a des enfants qui meurent pendant la guerre? (Questions qui ont surgi au Vietnam, évidemment).
-Pourquoi la mer est-elle salée? Pourquoi il y a des vagues sur la mer?
-Pourquoi il y a une saison sèche et une saison des pluies?
-Pourquoi il ne neige pas, ici? Pourquoi il fait plus chaud que chez nous?
-Pourquoi il y a plus de motos ici qu'à Montréal?
-Comment ça fait un avion pour voler?
-Pourquoi les gens veulent toujours nous toucher?

Que ceux qui ont réponses à toutes ces questions lèvent la main! Pas facile, hein? On a affaire à se creuser les méninges... Mais on est tellement contents quand nos filles nous sortent de «bonnes» questions comme celles-là. Ça nous montre que, tous les jours, elles observent ce qui se passe autour d'elles, elles réfléchissent, elles analysent. Et elles apprennent une quantité phénoménale de choses: que le riz pousse dans les rizières, que les poulets et les porcs, avant de se retrouver dans notre assiette, sont de vrais animaux, que les gens se déplacent dans toutes sortes de véhicules, quel leurs maisons, contrairement aux nôtres, ne débordent pas de biens, qu'il y a de bons gouvernements et de moins bons (elles comprennent déjà les rudiments de la démocratie), que les gens ne sont pas libres partout de dire ce qu'ils pensent, que nous vivons dans un confort incroyable comparativement à la majorité des gens... Je crois que tous ces apprentissages devraient leur servir pour le reste de leur vie.

samedi 1 mai 2010

Et le gagnant est...

Régent Séguin!!!!!

Ce membre du blogue Les baguettes en l'air a gagné le super concours! Il se mérite un ensemble de baguettes vietnamiennes pour 5 couverts, avec repose-baguette en nacre, présenté dans une boîte laquée.

Bravo! Et merci à tous ceux qui se sont inscrits. Continuez de nous suivre!